II/ Forces aérodynamiques


a) Les caractéristiques de l’air (aérologie)


_ La masse volumique de l’air

Elle varie en fonction de l’altitude et de la température. Plus l’altitude/la température augmente, moins elle est élevée. Cela explique que les avions de ligne cherchent à monter le plus haut possible (le plus haut que leurs moteurs leur permettent) afin de rencontrer une résistance de l’air la plus faible possible (et donc de consommer un minimum d’énergie pour atteindre une vitesse donnée).

b) Caractéristiques et forces s’exerçant sur une aile d’avion.


Contrairement à un ballon à air chaud, l’avion a besoin de se déplacer pour voler. Il met en œuvre des forces qui sont dues au déplacement de l’air sur ses différentes surfaces. Nous allons dans un premier temps introduire la notion de vent relatif : Un avion en mouvement se comporte de la même manière qu’un avion à l’arrêt sur lequel on « souffle » du vent, on dit donc que quand l’avion avance, il crée un vent relatif.

Qu’est-ce que l’effet venturi ?
Nous allons donner la définition de l’effet venturi avant d’aller plus loin dans notre démarche car il est primordial de bien l’assimiler afin de comprendre ce qui se passe par la suite.
L’effet venturi est un phénomène de mécanique des fluides lié à la dépression qui se créée à l’endroit où la vitesse du fluide est accélérée. Voici le schéma d’un venturi, où il se produit justement l’effet venturi. On peut donc voir que lorsque l’on rétrécit le passage de l’air, il accélère et la pression statique diminue.
Ce phénomène est illustré par un principe, le principe de Bernoulli.

1)    Le principe de Bernoulli


Daniel Bernoulli (1700-1782) est un physicien et mathématicien suisse. Il publia un principe qui explique une des forces les plus importantes dans le vol d’un avion. Il dit que si le débit d’un fluide reste constant, mais que le diamètre du contenant diminue, la vitesse de ce fluide augmente obligatoirement. Cela est dû à un phénomène de conservation de l’énergie : si l’énergie cinétique (vitesse) augmente, l’énergie élastique diminue (ce qui crée la dépression).
Voici ce principe (quelque peu simplifié : on ne prend pas en compte la différence d’altitude)
p + ½ ρ V2  = Constante
Avec :
ρ : masse volumique en kg/m3
V : vitesse en m/s
g : intensité de la pesanteur en m/s²
z : altitude en m
p : la pression en Pa

Les principes de Bernoulli et de Venturi sont très importants dans nos travaux car ils permettent d’expliquer une grande partie des forces s’exerçant sur une aile d’avion.

2)    Les différentes forces


Nous allons, afin de mieux comprendre le principe de l’écoulement de l’air sur une aile d’avion, admettre que l’air est séparé en plusieurs petits filets qui sont dans le sens du vent relatif. Nous allons maintenant étudier les différentes forces résultantes (qui sont engendrées) à ce vent relatif qui permettent à l’avion de voler.


_ La résultante aérodynamique :

La pression statique (pression mesurée perpendiculairement à l’écoulement d’air) diminue quand la vitesse du fluide augmente dans un tube. Ce phénomène est facilement vérifiable à l’aide d’un venturi. On peut en sortir la relation suivante : plus la vitesse du fluide augmente, plus la pression statique de ce fluide diminue, et vice versa. (Cf. II) 1) Le principe de Bernoulli)
Nous constatons que l’air qui passe sur l’extrados de l’aile est contraint à une distance à parcourir plus longue (du fait de l’incurvation de l’aile) et doit donc adopter une plus grande vitesse afin d’arriver au bord de fuite en même temps que l’air passé sur l’intrados. Et par conséquent, sur l’intrados, la vitesse de l’air est quelque peu ralentie, ce qui entraine donc une légère augmentation de pression. L’air qui passe sur l’extrados est dévié vers le bas à l’approche du bord de fuite afin de rester « collé » à l’aile.


 La force exercée sur l’extrados combinée à celle exercée sur l’intrados crée une force portante sur l’aile dirigée vers le haut. On appelle cette force portance. Nous pouvons aussi ajouter que la dépression sur l’extrados est responsable des 2/3 de cette résultante, tandis que la surpression sur l’intrados n’est responsable que du tiers restant. Par ailleurs, l'avion avançant dans l'air, il déplace des masses d'air importantes pour son déplacement. Celà se traduit par une consommation d'énergie qui peut se mesurer grâce à la trainée.


Décomposition de la résultante aérodynamique

Ra= Résultante aérodynamique ; Za= Portance ; Xa= Traînée
La résultante aérodynamique se décompose en deux forces : la « portance » et la « trainée ». La portance a, comme son nom l’indique, un effet porteur et la traînée a un effet freineur.
La portance (Za) est perpendiculaire au vent relatif et permet la sustentation tandis que la trainée (Xa) est parallèle au vent relatif et s’oppose au déplacement de l’avion.


_ L’incidence

Cette résultante aérodynamique est d’autant plus importante que l’angle formé entre la corde du profil et le vent relatif est grand. Cet angle est appelé incidence.



           3) Tourbillon marginal (ou vortex de bout d’aile)


La différence de pression entre l’intrados et l’extrados engendre des tourbillons appelée tourbillons de Prandtl. La surpression sur l'intrados et la dépression sur l'extrados engendre un déplacement de l'air vers le bout d'aile provenant du dessous vers le dessus (pour réequilibrer les pressions), ce qui engendre un tourbillon. Ce tourbillon en bout d’aile est appelée tourbillon marginal et il a deux conséquences :

      _ La trainée induite
Un avion pour avancer doit mettre en mouvement des tonnes d’air et cela demande beaucoup d’énergie. Cette dépense d’énergie se traduit donc par une résistance à l’air et donc à l’avancement de l’avion appelée trainée induite.


              -     Influence de l’allongement de l’aile

   L’allongement est le rapport de l’envergure de l’aile (longueur d’un bout de l’aile à l’autre) sur la longueur    de la corde moyenne. Nous avons déjà évoqué le tourbillon de Prandtl qui nous dit qu’un tourbillon marginal    apparaît en bout d’aile et qu’il génère la trainée induite. On peut, pour réduire cette trainée induite, réduire la    longueur de la corde de l’extrémité de l’aile. Le fait d’augmenter l’allongement c’est justement de diminuer la    longueur de la corde de l’aile en fonction de l’envergure totale (ou d’augmenter l’envergure totale sans    augmenter la corde). On peut donc en déduire que le fait d’augmenter l’allongement permet de réduire les    tourbillons de Prandtl et par conséquence la trainée induite. On observe notamment ce phénomène chez les    planeurs, sur lesquels on peut observer des ailes avec un très fort allongement.
   Il y a trois d'autres types de trainées, mais leur effet est moindre comparé à celui de la trainée induite.


      _ La turbulence de sillage

Les tourbillons marginaux ont aussi comme effet secondaire l’apparition de « vortex » de bout d’aile. C’est un tourbillon en bout d’aile qui s’enroule sur lui-même et dont le diamètre augmente dans le temps. De faible amplitude sur les avions légers, il devient très dangereux sur les gros porteurs et c’est la raison pour laquelle les avions légers ne doivent pas suivre de trop près les avions de ligne.
_ Relations
Relation donnant la portance : Za= ½ ρ V² S Cz
Relation donnant la trainée : Xa= ½ ρ V² S Cx
½ ρ V² représente l’énergie cinétique de la masse d’air.
Cz : Exprime l’aptitude de l’aile d’avion à transformer en portance les pressions exercées sur lui. Coefficient de portance
Cx : Coefficient de « défaut résiduel » Coefficient de trainée

_ Finesse

La finesse est le rapport de la portance sur la trainée (Za/Xa). Ce rapport permet de qualifier les performances aérodynamiques d’un avion. Une aile d’avion est conçue de telle sorte que la portance équilibre le poids et que la trainée soit minimale.


_  La polaire


La polaire de l’aile est une représentation graphique qui met Cx en abscisse et Cz en ordonnée. Le point A est celui où la trainée et la portance sont minimales. Le point C est celui où la finesse est maximale. Le point D est celui où la portance est maximale, on remarque d’ailleurs une chute de la courbe à la fin car l’aile décroche. La droite représente la droite de finesse maximum.

_ Décrochage

On a vu sur la courbe que le Cz avait une valeur maximale en D, au-delà de laquelle, la courbe s’écroulait (chute de la portance). Le décrochage intervient donc lorsque l’incidence dépasse l’incidence de portance maximale. Lorsque l'on dépasse cet angle d'incidence maximal, l'écoulement de l'air change de régime: il passe d'un écoulement laminaire à un écoulement turbulent. La chute de portance s'explique donc par ce changement de régime.



_Volets


Durant les phases de décollage et d’atterrissage, on cherche à réduire la vitesse de l’avion à sa valeur la plus faible possible afin de limiter la vitesse à l’impact sur le sol au moment du toucher des roues, et par conséquent avoir une distance d'atterrissage plus faible. Mais, comme on l’a étudié plus haut, on sait que si la vitesse diminue, le vent relatif aussi. Or, si le vent relatif diminue, la portance diminue. Pour compenser cette perte de portance, il a été mis au point des dispositifs hypersustentateurs, notamment connus sous le nom de volets. Ceux-ci ont deux effets :
_ Ils augmentent la surface de l’aile et changent son profil, et augmentent donc la portance
_ Ils augmentent la trainée, et aident par conséquent l’avion à ralentir.
On remarque avec le schéma ci-dessus qu’il y a différents types de volets et de becs de bord d’attaque (permettant d’augmenter l’angle d’incidence de décrochage grâce encore une fois à l’effet venturi).